Contexte culturel

Identité territoriale et attachement au site

Identité territoriale et attachement au site

La Narse de Nouvialle s'inscrit dans l'identité des habitants de la Planèze de Saint‑Flour. Ce territoire rural se caractérise par ses plateaux volcaniques, ses zones humides et ses paysages de bocage. La narse figure parmi les repères géographiques et culturels de la région.

Les milieux humides structurent le lien local à l'environnement. Ils sont perçus comme refuges de biodiversité, réserves d'eau et témoins d'un patrimoine paysager. Leur préservation nourrit la fierté locale et le sentiment d'appartenance.

L'attachement dépasse l'utilitaire. Il relève de la mémoire, des récits d'anciens, des promenades familiales dans les prairies humides, des hivers où la zone gelait, des étés où elle servait de fourrage aux troupeaux. Ces usages et ces moments font patrimoine.

La fête de la narse

Chaque été, la fête de la narse mobilise habitants, associations, élus et visiteurs. Musiques locales, stands pédagogiques, dégustation de produits du terroir, ateliers pour enfants y mêlent convivialité et sensibilisation. L'événement revitalise la dimension sociale du territoire, crée du lien, fait passer le message de préservation.

Cet événement incarne la capacité du territoire à activer ses ressources culturelles — patrimoine, savoir‑faire, mobilisation citoyenne — pour défendre un lieu.

Le courlis‑mascotte

Le Courlis cendré, espèce migratrice nicheuse dans la narse, est devenu un symbole fort. Une mascotte, « Nouvie », incarne ce lien entre nature, culture et territoire. Grâce à elle, la sensibilisation s'adresse aux enfants, aux familles, à ceux qui ne sont pas naturalistes. Elle valorise l'identité locale, le récit des lieux, l'implication collective.

Contes, mémoire collective et terroir

Le territoire porte des récits : volcans, lacs gelés, bergers dans le brouillard, tourbières entretenues. Ces récits ancrent la narse dans une mémoire collective. Le terroir alimentaire — fameux plats de la Planèze, fromage, élevage — s'appuie sur les prairies humides et l'environnement de la narse. Ce lien entre paysage, agriculture, culture est vivant.

Menacer la narse, c'est toucher cette mémoire, ce patrimoine immatériel, la relation affective à un lieu que l'on ne veut pas voir transformé uniquement en site industriel.

Attachement émotionnel et tensions

L'enjeu culturel central : comment concilier l'aspiration à conserver ce patrimoine avec la logique économique ? La question est sociale, mais aussi identitaire. Les habitants expriment le sentiment d'injustice s'ils perçoivent que l'exploitation profite à des acteurs extérieurs, que la destination du lieu change sans leur accord. Ignorer cette dimension culturelle affaiblirait la légitimité de toute décision.

Contexte réglementaire

Textes de base et procédures applicables

Le Code de l'environnement encadre les installations, ouvrages, travaux et activités (IOTA), notamment via les articles L. 214‑1 et suivants. Tout projet de carrière, surtout en zone humide, doit faire l'objet d'une étude d'impact approfondie, analyser les effets sur l'eau, les sols, l'air, la faune, la flore. Une enquête publique (articles L. 123‑1 et suivants) permet au public d'être informé, de dialoguer, de s'exprimer.

La Loi sur l'eau et les milieux aquatiques de 2006 renforce la protection des zones humides (article L. 211‑1). La séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC) est codifiée. Le Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux – SDAGE du bassin Loire‑Bretagne impose des objectifs de bon état des masses d'eau d'ici 2027, et reconnait les zones humides comme essentielles.

Protections européennes

La Directive Habitats‑Faune‑Flore (92/43/CEE) impose la conservation des habitats naturels et espèces d'intérêt communautaire. Tout projet susceptible d'affecter un site Natura 2000 doit faire une évaluation d'incidences, et ne peut être autorisé que sous conditions strictes (raison impérative d'intérêt public majeur, absence d'alternative, compensation).

La Directive Oiseaux (2009/147/CE) protège les espèces d'oiseaux sauvages ; les zones — ZPS (zones de protection spéciale) — doivent être respectées.

Régime minier et carrières

Le Code minier distingue les substances de carrières ; la diatomite relève du régime carrières. L'exploitant doit déposer une demande d'autorisation préfectorale, fournir étude d'impact, étude de dangers, plan de gestion de l'eau, plan de remise en état, garantie financière. Le Schéma régional des carrières – SRC de la région Auvergne‑Rhône‑Alpes recense les gisements d'intérêt, évalue les défis environnementaux, fixe des conditions d'exploitation compatibles.

Documents d'urbanisme et compatibilité

Le PLUi (plan local d'urbanisme intercommunal) et le SCoT (schéma de cohérence territoriale) définissent l'affectation des sols. Une carrière ne peut être autorisée que si le zonage le permet ou après modification du document. La compatibilité avec les orientations d'aménagement et de développement durable (PADD) est obligatoire.

Concertation, enquête publique, recours

La concertation préalable (article L. 121‑16 du Code de l'environnement) permet d'associer public, collectivités, associations en amont. Vient ensuite l'enquête publique (minimum 30 jours) avec un commissaire‑enquêteur. La décision préfectorale peut être attaquée devant le tribunal administratif. Les motifs de recours portent sur la procédure (légalité externe) ou le fond (légalité interne, respect des directives).

Synthèse des obligations

Le projet d'exploitation de la narse de Nouvialle est soumis à un cadre exigeant : protections nationales et européennes, documents de planification, études approfondies, participation du public. La logique ERC (éviter, réduire, compenser) est centrale. Le porteur de projet doit démontrer que l'exploitation est compatible avec ces prescriptions, que les impacts sont maîtrisés et que les compensations ou mesures de restauration sont crédibles sur le long terme.

Pour aller plus loin

Les huit contextes présentés dans cette page offrent un panorama complet des dimensions à prendre en compte pour comprendre le projet d'exploitation de diatomite dans la narse de Nouvialle. Chaque contexte éclaire une facette spécifique : les acteurs institutionnels, les enjeux économiques, le cadre juridique, les dynamiques sociales, les caractéristiques paysagères, l'histoire du site, les dimensions culturelles et le cadre réglementaire.

Cette approche contextuelle permet de dépasser les visions simplistes opposant développement et environnement. Elle révèle la complexité des interactions entre les dimensions économiques, écologiques, sociales et culturelles. Elle souligne également les marges de manœuvre et les leviers d'action pour construire des solutions innovantes et durables.

La concertation territoriale s'appuie sur cette connaissance partagée des contextes pour identifier collectivement les solutions possibles. Elle vise à concilier exploitation de la diatomite et préservation de l'environnement, développement économique et qualité de vie, intérêts privés et bien commun. Cette démarche exige du temps, de l'écoute, de la créativité et une volonté sincère de trouver des compromis acceptables pour tous.

Participez à la concertation : Nous vous invitons à consulter l'ensemble des sections du diagnostic pour approfondir votre compréhension des enjeux. Les sections suivantes présentent les justifications du diagnostic, les objectifs poursuivis, le périmètre de l'étude, les résultats attendus, la méthodologie employée et les modalités de pilotage et de participation. Votre implication est essentielle pour éclairer la décision et identifier collectivement les solutions possibles pour concilier exploitation de la diatomite et préservation de l'environnement.